Saint Joseph Vaz, prêtre (1651-1711)
Fêté le 16 janvier
Né dans le territoire de Goa en Inde, le 21 avril 1651, d’une famille brahmane convertie au catholicisme, il fut ordonné prêtre en 1676. Il se fit remarquer par une vie austère de pénitences et son zèle apostolique, travaillant comme missionnaire dans la région de Canara. En 1684, il fonda l’Oratoire de Goa et en 1686 il partit pour Ceylan (aujourd’hui le Sri Lanka) où il mena sa mission au milieu d’innombrables difficultés, surtout dans le Royaume de Kandy où il organisa une mission florissante. Il mourut le 16 janvier 1711 et il fut béatifié le 21 janvier 1995 par le Pape Jean Paul II et canonisé le 14 janvier 2015 par le Pape François.
MESSE AVEC CANONISATION DU BIENHEUREUX JOSEPH VAZ – HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE
Galle Face Green, Colombo Mercredi 14 janvier 2015
« […] Tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu » (Is 52, 10). C’est la magnifique prophétie que nous avons entendue dans la première lecture de ce jour. Isaïe prédit l’annonce de l’Évangile de Jésus-Christ jusqu’aux confins de la terre. Cette prophétie à une signification particulière pour nous qui célébrons la canonisation du grand missionnaire de l’Évangile, saint Joseph Vaz. Comme de très nombreux autres missionnaires dans l’histoire de l’Église, il a répondu au commandement du Seigneur ressuscité de faire de toutes les nations des disciples (cf. Mt 28, 19). Par ses paroles, mais, plus important, par l’exemple de sa vie, il a conduit le peuple de cette nation à la foi qui nous donne « […] l’héritage parmi tous les sanctifiés » (Ac 20, 32).
Nous voyons chez saint Joseph un signe éloquent de la bonté et de l’amour de Dieu pour le peuple du Sri Lanka. Mais nous voyons aussi en lui une incitation à persévérer sur la voie de l’Évangile, à grandir nous-mêmes en sainteté, et à témoigner du message évangélique de réconciliation auquel il a consacré sa vie.
Prêtre oratorien, saint Joseph Vaz est arrivé, de sa Goa natale, dans ce pays, inspiré par un zèle missionnaire et par un grand amour de ces gens. En raison de la persécution religieuse en cours, il s’habillait comme un mendiant, accomplissait ses devoirs sacerdotaux en rencontrant en secret les fidèles, souvent de nuit. Ses efforts ont donné une force spirituelle et morale à la population catholique assiégée. Il eut un désir particulier de servir les malades et les personnes souffrantes. Pendant une épidémie de variole à Kandy, son ministère envers les malades fut tellement appréciée par le roi, qu’une plus grande liberté lui fut accordée dans son ministère. De Kandy il put rejoindre d’autres zones de l’île. Il se consuma dans le travail missionnaire et il mourut à l’âge de cinquante-neuf ans, vénéré pour sa sainteté.
Pour de nombreuses raisons, saint Joseph Vaz a continué d’être un exemple et un maître ; mais je voudrais m’arrêter sur trois d’entre elles.
Avant tout, il fut un prêtre exemplaire. Il y a ici avec nous aujourd’hui beaucoup de prêtres, de religieux et religieuses qui, comme Joseph Vaz, sont consacrés au service de l’Évangile de Dieu et du prochain. J’encourage chacun de vous à regarder Saint Joseph Vaz comme un guide sûr. Il nous apprend à sortir vers les périphéries, pour que Jésus-Christ soit connu et aimé partout. Il est aussi un exemple de souffrance patiente pour la cause de l’Évangile, d’obéissance aux supérieurs, de soin affectueux pour l’Église de Dieu (cf. Ac 20, 28). Comme nous, il a vécu à un moment de rapide et profonde transformation ; les catholiques étaient une minorité, souvent divisée de l’intérieur ; au dehors il y avait une hostilité occasionnelle, et même de la persécution. Malgré cela, parce qu’il fut constamment uni par la prière au Seigneur crucifié, il a été capable de devenir pour tous une icône vivante de l’amour miséricordieux et réconciliateur de Dieu.
En second lieu, saint Joseph nous a montré l’importance de dépasser les divisions religieuses pour le service de la paix. Son amour indivis de Dieu l’a ouvert à l’amour pour le prochain ; il a exercé son ministère pour les personnes qui étaient dans le besoin, quelles qu’elles soient, et où qu’elles soient. Son exemple continue à inspirer l’Église au Sri Lanka aujourd’hui. Bien volontiers et généreusement, elle sert tous les membres de la société. Elle ne fait pas de distinctions de race, de credo, d’appartenance tribale, de condition sociale ni de religion dans le service qu’elle rend à travers ses écoles, ses hôpitaux, cliniques et de nombreuses autres œuvres de charité. Elle ne demande rien d’autre que la liberté d’accomplir sa mission. La liberté religieuse est un droit humain fondamental. Tout individu doit être libre, seul ou associé avec d’autres, de chercher la vérité, d’exprimer ouvertement ses convictions religieuses, libre des intimidations et des contraintes extérieures. Comme la vie de Joseph Vaz nous l’enseigne, l’authentique adoration de Dieu conduit non pas à la discrimination, à la haine et à la violence, mais au respect de la sacralité de la vie, au respect de la dignité et de la liberté des autres, et à l’engagement affectueux pour le bien-être de tous.
Enfin, saint Joseph nous donne un exemple de zèle missionnaire. Bien qu’il soit venu à Ceylan pour être prêtre au service de la communauté catholique, dans sa charité évangélique il est allé à tous. Laissant derrière lui sa maison, sa famille, le confort de ses lieux familiers, il a répondu à l’appel d’aller au-delà, de parler du Christ partout où il serait conduit. Saint Joseph savait comment offrir la vérité et la beauté de l’Évangile dans un contexte multi-religieux, avec respect, dévouement, persévérance et humilité. C’est encore la voie pour les disciples de Jésus aujourd’hui. Nous sommes appelés à aller plus loin avec le même zèle, avec le même courage que saint Joseph, mais aussi avec sa sensibilité, avec son respect des autres, avec son désir de partager avec eux cette parole de grâce (cf. Ac 20, 32) qui a le pouvoir de les édifier. Nous sommes appelés à être disciples-missionnaires.
Chers frères et sœurs, je prie pour que, en suivant l’exemple de saint Joseph Vaz, les chrétiens de cette nation puissent être confirmés dans la foi et donner une contribution toujours plus grande à la paix, à la justice et à la réconciliation de la société Sri Lankaise. C’est ce que le Christ vous demande. C’est ce que Saint Joseph vous enseigne. C’est ce dont l’Église a besoin de votre part. Je vous confie tous aux prières de notre nouveau saint pour que, en union avec toute l’Église répandue dans le monde, vous puissiez chanter un chant nouveau au Seigneur et proclamer sa gloire jusqu’au bout de la terre. Parce que le Seigneur est grand et digne de toute louange (cf. Ps 96, 1-4) ! Amen. »
D’une lettre du Bienheureux Joseph Vaz au préfet de l’Oratoire de Goa (septembre 1697, Kandy).
Croissance en grâce et en sainteté
Le compte rendu que j’ai à faire sur nous et notre communauté chrétienne est le même que j’ai déjà présenté à Monseigneur l’Evêque. Lorsque je suis arrivé dans ce pays, la situation générale était d’une grande rigidité envers tous et spécialement envers les personnes plus en vue, et les gouvernants ne comprenaient pas très bien le but de notre Mission. Il leur était parvenu surtout des informations et des insinuations venant des hérétiques (Calvinistes) que nous étions probablement des espions, au point que beaucoup, en particulier ceux qui avaient renié la foi, désiraient que la foi catholique soit éradiquée complètement et ne donne plus de fruits à travers la prédication de l’Evangile et l’administration des sacrements : pour cela, je fus mis en prison ainsi que mes compagnons sans pour autant être attachés avec des chaînes comme les autres prisonniers, ou nous soumettre à d’autres tortures, sinon de nous priver de la possibilité de rencontrer et de voir les chrétiens et de les empêcher de venir nous visiter. En effet cette prison se trouvait sous une surveillance particulière, si serrée au départ que nous ne pouvions faire deux pas hors de la cellule et nous n’avions pas d’idée sur ce que le roi désirait faire de nous.
Le Roi des rois voulut qu’un chrétien qui se trouvait dans les grâces du roi pour lui avoir rendu un service qui méritait une récompense, obtint comme la plus belle récompense la permission de me visiter et de se confesser.
A la même époque ils ont fait en sorte que d’autres chrétiens puissent venir à nous pour que nous puissions leur conférer les sacrements et célébrer les offices divins, construisant une église que nous avions déjà agrandie et fondée.
Dieu voulut que le nombre des fidèles croissent et que la grâce et la sainteté croissent en eux, et que nous puissions rester au milieu d’eux, sortant de notre prison, tandis que les gardes restaient près de l’église et m’accompagnaient lorsque j’avais à sortir pour les besoins des chrétiens.
Maintenant ils ne le font plus, parce qu’ils ne craignent pas que je fuie.