Bienheureux Sébastien VALFRE, prêtre (1629-1710)
Fêté le 30 janvier
Sébastien Valfrè est né à Verdun, dans le diocèse d’Alba, en 1629. Encore très jeune, il commença sa formation au ministère ecclésiastique, mais désirant avec une plus grande ardeur se consacrer tout à Dieu et au salut des âmes, il entra ensuite dans la Congrégation de l’Oratoire de Turin. Devenu prêtre, il obtint un diplôme en théologie et il fut coopté pour entrer dans le Collège des Docteurs. Il exerça avec profit le ministère de l’évangélisation dans les hôpitaux, dans les pensionnats féminins, dans les monastères, dans les casernes, les prisons, sur les bateaux de galère, dans les ateliers, les champs, sur les places, sur les routes et même à la cour du Roi. Il fut admirable dans l’œuvre d’éducation des petits enfants et du peuple ; il s’occupa efficacement aussi des Juifs et des Frères séparés. Assidu au confessionnal, il eut une grâce spéciale pour assister les condamnés à mort. Il s’employa aussi à l’assistance aux malades et aux mourants, à la tutelle des filles en danger, il aida généreusement les pauvres. Infatigable dans la prière, il garda toujours le don de la chasteté par l’abstinence et la mortification. Vaincu par l’âge et la fatigue, il mourut à Turin en 1710, et il fut inscrit parmi les Bienheureux en 1834 par le Pape Grégoire XVI.
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Des écrits du Bienheureux Sébastien Valfrè, prêtre.
(Des écrits autographes conservés aux archives de la Congrégation de Turin, Vol 27, p. 42. Libre adaptation au langage courant).
La charité parfaite.
Comment pourrions-nous tendre à la perfection si l’amour de Dieu ne nous y conduit pas ? Et comment pourrions-nous aimer Dieu si nous n’observons pas nos règles ? Les motifs qui nous obligent à aimer la perfection de tout notre cœur ne nous obligent-ils pas aussi à l’observance de ces mêmes règles ? Voici la mesure : elle présente le goût de Dieu, sa Gloire, sa volonté ; par cette voie elle veut nous conduire au paradis et non par une autre ; par ces canaux elle veut nous donner ses grâces ; à travers ces moyens elle veut nous porter à la perfection.
Et donc nous n’obtiendrons jamais la perfection sinon à travers l’observance de nos règles comme de bons fils de notre Père céleste. Si un bon fils sait que son père veut quelque chose, aussitôt il l’accomplit, sans ordre, et il ne fait pas de distinction entre la volonté qui commande et le désir de son père qu’il aime.
Je dis ceci contre les excuses de certains qui justifient leur inobservance des règles en disant que les règles n’obligent pas sous peine de péché. C’est le plus mauvais argument, c’est une philosophie diabolique qui déduit une conclusion complètement perverse d’un sain principe : ce que le Seigneur donne par son Fondateur pour l’aimer davantage, pour obtenir une plus grande perfection, ne doit pas être utilisé par les fils du Fondateur comme une pierre de scandale, comme matière à l’indolence, négligence ou inobservance. Ceux qui ne servent Dieu que par crainte du péché ou de la punition ne comprennent pas du tout ce qu’est la perfection, ce qu’est le véritable amour pour Dieu : « La charité parfaite chasse la crainte »
(1 Jn 4,18).
La charité parfaite chasse la crainte servile et connaît seulement la peur d’offenser l’aimé Seigneur, la peur de ne pas accomplir tout ce qu’il sait pouvoir plaire au plus haut point à Dieu.
Voici donc l’observance des règles que le Seigneur, par les mains de notre saint Père, donna à la Congrégation notre mère, au point qu’est maudit celui qui l’exaspère et l’offense. « Maudit de Dieu celui qui exaspère sa mère » (Sir 3,18). Et qui sont ceux qui exaspèrent, offensent, traitent d’une façon indigne leur mère, la Congrégation ? Sans aucun doute, ceux qui n’observent pas les règles. Ils sont des novices pour la Congrégation : à cause d’eux elle perd sa beauté et sa splendeur, à cause d’eux la Congrégation s’affaiblit et court à sa perte. De même qu’elle vit grâce à la fidèle observance de ses règles, de même elle se détruit quand on les transgresse ou les méprise.
Il suffit qu’un seul dans la Congrégation, volontairement, ne les observe pas, pour que Dieu ne la regarde plus avec un œil bienveillant comme avant, qu’il éloigne d’elle les bénédictions spirituelles, qu’il répande avec moins d’abondance ses grâces sur ceux qui demeurent.