Bienheureux Antoine GRASSI, prêtre (1592-1671)
Fête le 15 décembre
Antoine Grassi, né à Fermo, d’une famille noble, entra à seize ans dans la Congrégation de l’Oratoire instituée peu de temps auparavant dans sa ville. Observant parfaitement les règles de la vie commune, il se distingua par son obéissance, sa mansuétude et son affabilité. Il obtint de très bons résultats en philosophie et en théologie, et il sut unir ses connaissances avec son humilité. Brûlant d’un très grand amour pour la Vierge Marie, il se rendait souvent en pèlerinage à la Sainte Maison de Lorette. Contre sa volonté, il fut élu plusieurs fois prévôt de l’Oratoire de Fermo, apprécié de tous parce qu’il agissait toujours avec une très grande charité, prudence et générosité. Il travailla énormément à la beauté de la maison de Dieu et à la dignité des cérémonies.
Il fut appelé « Ange de paix » parce qu’il régla d’innombrables conflits. Il lui fut toujours agréable de rendre forts ceux qui étaient faibles dans la foi, d’instruire ceux qui avaient peu d’instruction, de visiter les prisonniers, de remettre sur le droit chemin les marginaux, d’attirer à la pratique de la foi l’âme des enfants et des jeunes. Il passait des jours et des nuits auprès des malades, oubliant ses fatigues et le sommeil, et chaque jour il passait plusieurs heures à confesser les fidèles. Il s’endormit dans le Seigneur à quatre-vingts ans, le 13 décembre 1671. Le Pape Léon XIII l’inscrivit dans le livre des Bienheureux pendant l’Année Sainte 1900.
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De la lettre fraternelle à tous les confrères Oratoriens », du Cardinal Alfonso Capecelatro de la Congrégation de l’Oratoire. (Rome, 24 mai 1900, Archives de la Postulation Générale de l’Oratoire).
Fidèle ami du Christ et son infatigable ministre.
« Le vénérable Antonio Grassi, de l’Oratoire de Saint Philippe Néri, est à juste titre à compter parmi les plus fidèles amis du Christ et ses infatigables serviteurs. En effet, pendant quatre-vingt ans, d’autant plus il fut nourri par Dieu avec largesse du pain de la vie et de l’illumination de l’esprit et abreuvé de l’eau de la sagesse qui sauve, d’autant plus il correspondit de jour en jour aux dons de la grâce divine, ne cherchant rien d’autre qu’à devenir conforme à l’image du Fils de Dieu. L’excellence de sa sainteté se distingue surtout dans le fait qu’il développa sa piété et la vertu de religion, qu’il renonça à lui-même, qu’il fut rempli d’ardeur pour le salut des âmes, si bien que des personnes célèbres par leur dignité et leur prudence l’estimaient un véritable émule de Philippe Néri et qu’elles lui demandaient des prières et des conseils de sagesse céleste » (S.R.C. decr. De Approb. Mirac. 12 novembre 1893).
« Il se montra en effet en tout un grand imitateur du Père Philippe » (S.R.C. Decr. Super T . 11 février 1894.
Il est certain que le Saint-Siège, à juste titre, émit de très grands éloges de ce genre pour les actions et les gestes du vénérable Serviteur de Dieu.
En effet, avant même sa naissance, et à peine né, il fut considéré comme « saint » et « grand serviteur de Dieu ». Il vit la lumière à Fermo, en 1592, Philippe étant encore vivant, et il fut baptisé par le père Civitella devenu ensuite Prévôt de cette ville. Il fut un homme d’une telle pureté, comme un nouveau saint Bernardin de Sienne ; quand il était encore un enfant la seule présence ou la seule parole : « c’est Antoine », suffisait à détourner ses plus jeunes compagnons de tout discours peu honnête. Et cette vertu angélique fut marquée et donna une suave odeur qui sortait du corps d’Antoine pendant sa vie comme à sa mort, et c’est avec une insupportable puanteur que le Serviteur de Dieu reconnaissait prodigieusement la présence des impurs, et enfin, ce témoignage : une prodigieuse exclamation d’une petite fille de deux ans à peine : « Voici un Ange, voici un Ange », tandis qu’elle désignait plusieurs fois Antoine dans l’église.
Rendu conscient de sa vocation oratorienne par son directeur spirituel, lui-même disciple de Saint Philippe, à seize ans il quitta le monde pour entrer dans la Congrégation de Fermo, Oratoire qu’il fréquentait depuis son enfance.
« Tenant devant ses yeux l’image de Saint Philippe son père et précepteur, il fut tellement toujours constamment semblable à lui dans l’observance des règlements, mêmes les plus petits, qu’il ne s’éloignait ni à droite ni à gauche de l’observance de la loi du Seigneur pendant plus de soixante années. Et sur ces années, pendant trente ans, exemple nouveau et inhabituel, il fut Prévôt de cette Congrégation, et comme une lampe qui brille sur le chandelier il éclaira toujours de cette flamme inextinguible de ses vertus et il se fit tout à tous pour gagner tous au Christ » (S.R.C. Decr. De approb. Virt. 1 avril 1770).
En 1625, il vint à Rome pour obtenir l’indulgence plénière du grand Jubilé, et là, il donna satisfaction à ses sentiments de piété et de dévotion en visitant surtout les lieux auxquels son très aimé père et patron avait donné l’éclat de son vivant.
Brûlé par l’amour divin, il recherchait un doux repos dans la plaie ouverte du côté du Christ, et, devenu cher à Dieu et aux hommes, il entra en amitié et reçut des louanges de la part d‘illustres disciples de Saint Philippe, dont le père Consolini qui fut très cher au père Philippe. Et même, grâce à sa douceur et à sa renommée de vertu, il attira à lui la famille de la Congrégation de l’Oratoire tout entière, au point que les Philippins des autres Congrégations demandèrent avec des lettres pleines d’amour, comme en compétition entre eux, la dernière bénédiction d’Antoine, désormais époux de la vieillesse et des fatigues.
Il fut un dispensateur de la dévotion mariale ; chaque année, il se rendait en pèlerinage à la Sainte Maison de Lorette où le Verbe se fit chair, et là il jouissait d’élévations admirables et de la douceur de l’Esprit Saint. Il prêchait assidûment les louanges de la Vierge Marie et les chantait avec douceur. Il recourait aussi à Saint Philippe comme médiateur pour obtenir plus efficacement l’intercession de la très sainte Mère de Dieu, en disant : « Tout ce que la bienheureuse Vierge Marie implore par Jésus-Christ son Fils, elle l’obtient ; tout ce que Saint Philippe implore de la Bienheureuse Vierge, il l’obtient ». Pour cette raison, il célébrait avec dévotion les grandes vertus du saint père et il avait l’habitude de dire à ses confrères : « Oh, avec quel honneur et attention nous avons été rendus dignes d’être les fils de Saint Philippe ».
Il résulte des procès apostoliques que toutes les vertus du vénérable Antoine furent héroïques. Pour cela Dieu confirma par des charismes célestes l’extraordinaire sainteté de son serviteur. Orné par Dieu du don de prophétie, de guérisons, de miracles, il transféra sur lui, par un effet de sa charité, les douleurs des autres, il transforma en argent des monnaies de bronze, il se réjouit de la présence désirée et du chant d’un petit moineau ; et bien d’autres prodiges furent mis en lumière.
Surtout lors de sa dernière maladie, il se montra un parfait exemple de patience, tirant de grandes consolations de la pieuse considération des saints stigmates de Saint François desquels, assurait-il, il voulait être rendu participant, en tant qu’inscrit à l’Archiconfrérie des Cordigeri du séraphique Père. Enfin, averti par la Bienheureuse Vierge Marie, par Saint Philippe, de sa mort très prochaine et du salut éternel, il s’exclama avec une incroyable joie : « Oh, quelle félicité, quelle grande consolation qu’être un fils de Saint Philippe pendant la traversée de cette vie ». Il mourut le 31 décembre 1671.